RENAULT MET EN GARDE CONTRE UNE TRANSITION ÉNERGÉTIQUE MAL GÉRÉE
par Gilles Guillaume
PARIS (Reuters) -Renault a déclaré mercredi espérer que les véhicules hybrides échapperaient à l'interdiction des moteurs thermiques en 2035 actuellement discutée en Europe, estimant qu'une transition énergétique trop rapide fragiliserait l'emploi de la filière.
Plusieurs discussions ont cours actuellement au sein de l'Union européenne, sur le durcissement des objectifs de CO2 que la Commission devrait présenter la semaine prochaine, sur la nouvelle norme de pollution plus stricte Euro 7 envisagée pour 2025 et sur l'interdiction des moteurs thermiques dans les ventes de voitures neuves à l'horizon des deux prochaines décennies.
"Notre position est de pouvoir, à cette échéance-là, sauver pas seulement l'électrique, mais aussi l'hybride et l'hybride rechargeable", a souligné Luca de Meo, directeur général de Renault lors d'une audition devant la Commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale.
"Nous pensons qu'avec une configuration comme celle-là, nous pourrons gérer parce que nous sommes préparés."
Les véhicules hybrides, qui associent un moteur essence et une motorisation électrique, sont considérés comme une technologie intermédiaire entre le monde conventionnel et le tout électrique à batterie ou à pile à combustible.
En pleine restructuration pour sortir du rouge, le groupe Renault a présenté la semaine dernière une stratégie visant à accélérer le déploiement de sa gamme tout électrique, notamment au sein des marques Renault et Alpine.
DES EMPLOIS POTENTIELLEMENT MENACÉS
Mais il compte aussi sur sa technologie hybride maison E-Tech pour permettre à la marque au losange, mais surtout à la marque low cost Dacia, de passer les futures normes de CO2.
Selon Luca de Meo, une transition trop rapide vers les véhicules électriques menacerait 50.000 emplois dans la filière mécanique en France, mais ce basculement pourrait créer 350.000 emplois s'il était bien géré.
L'électrification à marche forcée des véhicules dans le monde fait craindre d'importantes réductions d'effectifs, surtout chez les équipementiers automobiles, une motorisation électrique nécessitant beaucoup moins de composants que son équivalent thermique.
Les nouveaux métiers dans l'électronique de puissance et les batteries peuvent néanmoins compenser ces pertes d'emplois.
Mardi, le gouvernement français a signé un partenariat avec l'incubateur européen EIT InnoEnergy afin de "former des dizaines de milliers de salariés dans le secteur des batteries électriques", avec le lancement en France en septembre d'une "académie européenne de la batterie".
Rien qu'en France, où trois "gigafactory" doivent voir le jour entre 2023 et 2026, cette académie a pour ambition de former 150.000 personnes d'ici 2025.
Le directeur général de Renault a également plaidé pour la création de "zones franches vertes" pour ces nouvelles technologies avec abattement sur les impôts de production et les charges sociales afin de réduire l'écart de coût de main d'oeuvre entre la France et ses voisins européens.
(Reportage Gilles Guillaume, avec la contribution de Bertrand Boucey, édité par Jean-Michel Bélot)
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